Niji ne le connais pas, pourtant la voilà dans son lit. Le quotidien de l’adolescente déchu qu’elle est. Quelques mensonges déballés avec ce minois qu’elle sait attendrissant, quelque gramme d’alcool dans le sang, Niji le suit juste que chez lui, le sourire aux lèvres. Elle a le sourire Niji, parce que ça veut dire que son portefeuille allait quelque peu s’épaissir grâce aux billets qu’elle y mettra. Ce soir, elle joue la gamine enfantine, mais pas innocente pour autant. Ce soir, elle s’appelle Lea, ce soir elle a du sang français dans les veines. Ce soir, son père s’est fait emporter par la maladie que l’on appelle cancer, et sa mère s’est vue diagnostiqué séropositive. Niji, elle a raconté tout ça, sans la moindre hésitation, parce qu’elle a l’habitude. L’habitude de raconter des mensonges, l’art de déformé la réalité, souvent dans l’excès. Mais Niji, elle n’a aucun regret. Parce que Niji ne revoie jamais les hommes qu’elle pie, Niji elle disparait au petit matin sans rien laisser derrière elle, seulement un portefeuille un peu moins rempli qu’avant son passage. Elle qui avait pourtant promis à Eiji qu’elle avait arrêté son cinéma.

Aujourd’hui ne faisait donc pas exception. Son hôte dort encore, elle n’a pas encore fermé l’œil depuis leurs ébats. Elle se rhabille à moitié, vêtue alors de son simple t-shirt trop large pour elle, Niji sort du lit délicatement afin de ne pas réveiller l’homme endormi. Ses pas légers l’amène jusque dans le corridor, où se trouve la veste de son hôte. Elle plonge sa main dans les poches de celle-ci, y trouvant ce qu’elle recherche ; la raison même de sa venue jusqu’ici. Niji y vole quelque billet, ce qui lui permettra de rentrer chez elle en transports au petit matin, et peut-être de quoi se faire plaisir ce mois-ci. Papa et maman ne sont pas au courant de ses petites affaires ; parce que tout ce qu’ils arriveraient à faire, c’est lui prendre l’argent qu’elle gagnerait. C’est pour la même raison que Niji refuse de se trouver un job en tant qu’étudiante.

Elle range soigneusement l’étui dans la poche où elle l’a trouvé, pour ensuite continuer à se balader dans l’habitation de l’homme, laissant ses jambes fines la guidée au travers des pièces. Peut-être y trouvera-t-elle quelque chose de grande valeur ?