(逸話) l'art sauve l'esprit de kagero. à travers des esquisses réalisées légèrement du bout du crayon, et des tubes d'aquarelles grossièrement vidés, il a trouvé une véritable façon d'être lui-même. pourtant, il n'aime pas montrer ce qu'il produit, craignant probablement de trop s'exposer. mais, dès qu'il voit quelque chose qui lui plaît où l'intéresse (un visage, un objet, un paysage ou une émotion étrangère), ses doigts s'actionnent tout seuls. le crayon à papier devenant le prolongement de la fureur enflammée qu'il n'arrive pas à cracher. ❀ la famille, ça n'a aucune valeur. et ça n'en a jamais eu. pour kagero, il n'y a jamais eu de choses aussi insignifiantes que les relations familiales. si on lui demande pourquoi, il répondra qu'il n'en a rien à faire, alors il est parti aussi vite que possible. mais en réalité, c'est la famille qui l'a rongé de l'intérieur, c'est le premier poison qui s'est découlé dans ses organes. il n'a cependant jamais apprécié devoir l'assumer. ❀ ses frères, ses soeurs, il les laisse derrière lui. il sait qu'il serait pas capable de les regarder dans les yeux sans haine ni mépris. il sait qu'il n'a rien à faire avec eux, et que leur erreur de mère a trop merdé autour du mot "famille". c'est pas une famille, ce qu'ils sont, les ueda. ce sont des morceaux rattachés à la dernière minute, cousus maladroitement, toujours en train de se défaire. et à kagero, ça lui va très bien. il a certainement pas un mental adapté à l'esprit de famille. ❀ カゲ, "kage". c'est ce qu'il signe sur ses productions, machinalement, l'air absent. il sait très bien, le jeune ueda, qu'il sera jamais connu. il n'en a jamais eu l'envie. il n'exploite probablement pas assez ce qui fleurit au bout de ses doigts, mais qu'importe, pourrir seul dans un studio sans lumière, semble être la fin qui lui sied le plus. ❀ kagero n'a jamais su conserver une seule relation. qu'elle soit charnelle, amicale, amoureuse. c'est juste parce que, lui et sa colère brute, ils sont pas foutus de rester au même endroit. il faut que ça change, il faut que ça bouge, parce que, putain, il faut ressentir quelque chose, vite. kagero il sait pas rester au même endroit et fréquenter les mêmes personnes. il se régale de la passion des premières minutes, et c'est tout. et puis, un soir, il s'en ira le plus loin possible, et cette fois, il rentrera pas au studio. il ira disparaître. ❀ il est pas malheureux, kagero. il est juste vide, trop vide, il y a cet écho persistant dans sa carcasse. et la seule chose qui se reflète dans ses yeux, ce sont les lumières rouges des néons de nuit qui l'embrassent.