Désolé que tu te sois blessé suite à ma question.

Tu posais le regard sur ton avant-bras, qu’il venait de lâcher.

Oh.

C’était donc de ça dont il voulait parler. Tu ne comprenais toujours pas pourquoi il s’excusait, cependant. Il doutait de ta nature humaine, tu lui avais prouvé que tu avais du sang coulant dans tes veines et c’était tout.

Tu tentas de le libérer de l’obligation qu’il s’était lui-même collé sur le dos, mais Uryuu semblait être quelqu’un d’extrêmement déterminé. De toutes façons, vu l’heure qu’il devait être, le dernier train était probablement parti depuis plusieurs dizaines de minutes donc il allait être obligé de te laisser rentrer seul pour pouvoir rentrer chez lui.

Vous finîtes par arriver à la gare, bien plus rapidement que ce que tu ne pensais. Uryuu s’arrêta un instant devant le panneau informatique indiquant les horaires. A peine eus-tu le temps de réaliser que vous n’avanciez plus qu’il repartit de plus belle, te tirant derrière lui, te laissant galérer à suivre le rythme. Il finit par ralentir, quelques instants.

Se remit à courir pendant les derniers mètres vous séparant de la première porte. Rata son entrée et se prit la vitre opposée en pleine face. Tu n’eus pas le temps de te moquer que tu eus le même sort.

Paf.

Etourdi par le choc et la mise en marche du train, tu mis plusieurs minutes avant de réussir à te redresser.

Tu retiras ton manteau, te souvenant qu’à cette heure, le trajet était plus long.

Et, ton estomac commençant à te rappeler la quantité de liquide que tu avais absorbé, tu prias pour arriver rapidement à destination.

D’un air distrait, tu regardais par la fenêtre. L’obscurité t’empêchait de voir quoi que ce soit, mais quelques formes vinrent par moments l’éclairer. Hallucinations habituelles. Le genre dont tu ne te préoccupais pas, car tu avais fini par t’y habituer.

Tu songeas que ça te ferait drôlement bizarre si un jour tout ça disparaissait, mais vu que ce n’était pas près d’arriver, tu ne t’attardas pas sur le sujet.

Va pas vomir.

Tu regardas en coin Uryuu, haussant les épaules. Tu avais toujours mal au coeur, mais t’allais survivre. Après un long baillement, tu déposas ta tête contre la vitre. Tes paupières commençaient à se refaire lourdes, très lourdes. Tu baillas à nouveau et les ferma.

Ténèbres légèrement illuminées par les rayons de lumières artificielle passant à travers tes paupières, lointain bruit du train avançant. Sommeil.

Dormir… Quoi de mieux ? Sérieusement, quand tu étais éveillé, tu avais beau chercher, tu ne voyais pas ce qu’il y avait de mieux. Ca faisait passer le temps, c’était une activité que tu pouvais pratiquer n’importe où, et durant laquelle, en plus, tu étais tranquille. Comme tout le monde, il t’arrivait de faire des cauchemars, mais c’était très rare. Chanceux.

Cependant, quelque chose vint te tirer de ce merveilleux pays où lapins et chats, tous deux géants, gambadaient gaiement au milieu de cascades de caramel macchiato. Un genre d’hurlement bovin, qui criait ton nom.

Tais-toi !, marmonnas-tu, tentant de te rendormir, en vain.

En grognant, tu ouvris lentement un oeil, puis le deuxième. Et te souvins de pourquoi tu étais là en même temps que cet habituel mal de crâne te saisit. Au moins, tu avais retrouvé un début d'état de sobriété.

C-c-c’est b-b-bon, j’arrive !, soupiras-tu, agacé, en te levant et te dirigeant vers la porte. Tu manquas de perdre l’équilibre à cause de l’arrêt brutal du train une fois arrivé à destination, mais te rattrapas à la première chose qui te passas sous la main - Uryuu.

C’bon, merci, tu peux… r… ren… trer, déclaras-tu une fois sur le quai.

Oui, mais non. Utilise ton cerveau Akio, et tu comprendras.

Ah, non… il est trop t-tard...

C’est bien, je savais que tu étais pas si stupide que ça.

Ca fait un s-siècle que j’ai pas r-rangé, par contre...

Tu n’avais même pas la moindre idée de l’état dans lequel tu allais retrouver ton appartement.

T'en as pas marre que je traîne dans tes pattes ?

Tu lui jetas un rapide regard pour juger du sérieux de la question. Il était en train de sourire, comme tout le temps. Un vrai imbécile heureux celui-là. C’était bien ça l’expression ?

C’est pas com… comme si que j’avais le ch… choix, lui rappelas-tu en haussant les épaules.

Il était tard, il faisait nuit, et il n’y avait plus de train. Hormis s’il comptait faire les huit kilomètres séparant Akihabara et Harajuku à pieds, tu n’avais pas d’autre choix que de le laisser dormir chez toi.

Au bout de cinq minutes, vous arrivâtes devant ton immeuble et au bout de presque cinq autres, devant la porte de ton appartement. Tu eus l’impression de mourir en montant les trois étages à pieds, comme à chaque fois que tu les montais depuis que l’ascenseur était hors service.

Tu fouillas dans ta poche, finis par en sortir tes clé au bout d’un un pompon avec des oreilles de chat, et déverrouillas la porte.

Des mangas, pochettes de CDs ou vinyles, magazines, livres étaient étalés un peu partout au sol dans les 12m² de la pièce principale.

Je s-sais, on cr-roirait, mais non, je n’ai pas ét-té cambriolé.

Enfin, tu n’en n’avais pas l’impression en tous cas.

Tu retiras tes chaussures, laissas tomber ton manteau sur le canapé et, aidé de ton entraînement, tu partis jusqu’à la cuisine sans marcher sur quoi que ce soit. Un miracle pour qui n’était pas habitué.

Tu mis de l’eau à chauffer, ton portable à charger et t’assis sur la chaise face à la table.

Je s-sais pas trop où tu vas d-dormir mais bon.

Un rapide regard autour de toi te confirma l’absence de place pour ton invité.