❀ complexée par son corps, elle se trouve trop grande, trop fine, trop gamine sans aucune forme. pas féminine comme sa sœur, plus brindille ordinaire que nymphe envoutante. peau trop foncée, cheveux trop bouclés, regard trop clair (vert vomi disaient ses camarades de bac à sable), trop étrangère que japonaise. bunny smile qui cause même un complexe sur ses dents qu’elle montre le moins possible lorsqu’elle sourit. petits détails insignifiants qui faisaient son bonheur avant quand elle était fière de ses différences mais qui sont devenus des complexes tenaces avec le temps.

❀ bohème, adepte des tenues les plus frivoles qu’à la mode. amples et sans style (qu’elle pique à ses frères) quand elle n’est pas d’humeur, juste de quoi camoufler son corps pour ne pas attirer le regard des garçons qui la mette mal à l’aise. maquillage plus flashy et extravagant que réellement on point – elle y travaille tho, passe des heures à regarder des vidéos sur youtube pour essayer de ressembler à sa sœur qu’elle admire (habitude de lui piquer du maquillage et des vêtements). mélange de couleurs criard que réellement assorti, elle choisit ses vêtements, accessoires et makeup par le feeling qu’elle perçoit (so basically, elle parle toute seule dans son dressing en faisant claquer ses doigts et en attendant que ses vêtements disent "moi! moi!").

❀ lazyass, son rêve est de se réincarner en roche pour ne pas avoir à bouger. diplômée en pouty face, elle a l’habitude d’obtenir tout ce qu’elle veut de ses frères et sœur, surtout quand elle a la flemme de faire plus d’effort physique : ses petits petons fatiguent assez vite alors elle n’hésite pas à réclamer des piggyback ou qu’on lui apporte son soda favori ou qu’on vienne lui donner la télécommande qu’elle a laissée sur la table basse. 75% du temps ça marche, quant au reste, elle rampe par terre en criant à l’agonie, dramatic mode activated.

❀ légèrement hypocondriaque, en hiver, elle garde un oignon dans sa poche (technique censée l’immuniser contre tout) (est-ce que ça marche ? who knows, Hanae y croit dur comme fer).

❀ mommy issues. chouchoutée et surprotégée par ses frères et sœur qui ont peint en couleurs ses souvenirs vs délaissée par sa mère qui a craché de l’acide dans sa vie, Hanae a une image tantôt froissée, tantôt floue de sa génitrice. conflit interne, tumulte de principes qui la laissent mitigée ; tantôt une part d’elle réclame de l’attention, des mots doux à sa mère, tantôt une autre, plus mesquine, voit sa mère pour ce qu’elle est : mauvaise. probablement du venin qu’elle garde depuis toute petite, accumulation de petites choses qui ont dégradé la relation mère/fille : toutes les fois où sa mère l’a oubliée à l’école, les mauvais conseils qu’elle lui donnait ("tes camarades te maltraitent ? suck it up girl, sois moins chiante et pleurnicharde et les autres te kifferont", "prends la jupe la plus courte et ne mets pas de collant", "attache tes cheveux en queue de cheval, les hommes trouvent ça sexy", "fais tomber les bretelles"), pour cette unique fois où sa mère l’a traînée en ville pour soi-disant faire du shopping mais que Hanae, 8 ans, s’est retrouvée dans une salle de casino, en tenue très courte et moulante pour son âge et épiée par des hommes (il ne s’était rien passé mais leur regard a suffi pour qu’elle se sente salie – probablement la raison pour laquelle elle n’est pas à l’aise avec le regard des hommes). pour toutes ces fois où Hanae a culpabilisé de pleurer parce que really tho, qui est-elle pour se permettre de pleurer et réclamer des cadeaux d'anniversaire alors que y'a des gosses qui ont une vie bien plus merdique que la sienne, huh ? et puis de toute façon, si elle continue à faire sa crybaby, on va se débarrasser d'elle, non ? c'est ce que sa mère lui a dit en tout cas, y'a longtemps mais somehow elle a encore une emprise sur Hanae qui serre les dents, sourit, prétend que sa vie est parfaite tout en faisant taire la voix de sa mère dans sa tête.

❀ noyée dans les illusions, poussée jusqu’au déni, toute sa famille a tenté de la protéger des bad things qui se déroulaient dans la maison, en partie à cause de madame ueda. ces illusions, justement, ont tellement bien été taillées dans du diamant qu’elle s’y est accrochée de toutes ses forces en prétendant ne rien voir, ne rien savoir. mécanisme de défense qui s’est développé en quelque chose de plus intense pour qu’elle se perde dans sa tête, dans son monde imaginaire où la magie existe, où elle est spéciale, où les mamans mauvaises et les papas absents n’ont pas le droit d'exister. un monde embelli qui a fini par prendre le dessus sur la réalité : elle n’est plus perdue dans sa tête, elle est à présent juste  persuadée d’avoir des capacités spéciales, un talent pour lire les cartes et prédire l’avenir, un don pour voir des choses que les autres ne voient pas (comme la couleur de l’aura des gens). il y a un aspect particulièrement malsain puisqu’elle y croit férocement et les quelques fois où ses prédictions s’avèrent justes, ça renforce encore plus ses croyances.

❀ y’a eu la fois où elle a prédit à une amie (Yoko) que son baiser serait mortel. turns out, sa prédiction était vraie puisqu’après avoir été embrassée par Yoko, Haru en est morte. c’est flippant, d’avoir été celle qui a lâché une telle prophétie sans y croire vraiment et qui se retrouve maintenant à avoir peur de ce qu’elle pourrait voir d’autres. c’est flippant, elle qui a toujours cru en ses capacités mais qui se prend une chape de culpabilité dans la gueule : elle n’a probablement pas prédit l’avenir juste jeté le mauvais œil sur une amie. c’est l’histoire d’une gamine qui a joué avec le feu et qui se retrouve dans la peau de Trelawney maintenant : personne ne la prend vraiment au sérieux, jusqu’à ce que sa prophétie soit juste. c’est flippant, really, parce qu’elle ne se sent pas capable de porter un tel pouvoir – si pouvoir, il y a, y’a plus de chances que ça soit une simple coïncidence qu’autre chose.